La hauteur des trottoirs




Installation sonore boucle de 20 min en 5.1, carottes de roches en vitrine
2 haut parleurs de surface (sur la vitrine), 2 haut parleurs large-bande, 1 caisson de basse
Lecture d'un extrait de Bernard-Marie Koltès « Dans la solitude des champs de coton »


Quand on se déplace sur une surface plane pour faire du tourisme ou pour conquérir le monde, pour aller d’une hauteur à une autre hauteur, d’une lumière à une autre lumière d’un rendez vous à un autre rendez-vous, d’une vie à une autre vie, le chemin emprunté est souvent assisté, au seul moyen de la hauteur des trottoirs qui nous y conduisent et c’est aussi parfois notre seule béquille. 

« On ne choisit pas les trottoirs de Manille, de Paris où d’Alger pour apprendre à marcher » on les assume comme notre histoire et c’est aussi un point de chute. 
Dénominateur social commun le trottoir nous ramène un peu au dessus de la terre. 
Faire le trottoir, nettoyer son trottoir, aller voir le trottoir d’en face, changer de trottoir, ces termes communs désignent encore une fois le trottoir comme moyen de la mise à jour, la base honnête pour le travail et le commerce et aussi la case départ par où l’on passe tous chaque jour. 
C’est le point d’ordonné de base de la politesse, sinon on descendrait dans la rue. 
Ces transitions, ces parcours, ces arrêts sur les trottoirs, vouloir ignorer leurs retombées et leurs conséquences seraient comme se moquer du fait qu’un clignement de paupière vaut une nuit. 
Ce serait comme se moquer des effets d’un parcours.
Ce serait comme jeter des poignées de graines sur des terres vierges prêtes à se satisfaire de tout. 
Ce serait se moquer enfin des provocations de nos présences que nous jetons aux regards des autres et qui façonnent tutti quanti.
Car quand on marche tout court, sur le trottoir, on s’affirme grâce à la hauteur qui nous est prêtée. 
Blandine Briere plonge dans ce décolleté pour en décrire ses formes et nous révèle un paysage sonore sensible de ce support quotidien. 
Melchior Delaunay

Remerciement à Julien Viniane, Pierre Lahaye, Stephano, Alice Broilliard, Melchior Delaunay.