Déport de poids


Déport de poids, 2021, Centre d'art La Loge, Changé (53),
Photographie Fanny Trichet
Installation sonore, cyanotype sur peaux de percussion (peaux de chèvre)
350 x 450 cm





Déport de poids, 2021, Centre d'art La Loge, Changé (53),
Photographie Fanny Trichet
Installation sonore, cuir et acier
87 x 40 x 40 cm







Déport de poids est une installation sonore réalisée lors de la résidence à la Loge, à Changé. Cette résidence a commencé en mars 2020, et fut troublée par ces périodes de confinements

successives. Marquée par ces chamboulements, et le manque d’effusion collective, je me suis penchée sur le rite social de l’applaudissement.

L’applaudissement est cet engagement du corps vers un acte collectif. Il est cet artifice qui puise son essence dans le langage, geste et louange d’un culte archaïque, ou procédé de persuasion, il est une performance en soi.


Exposées sur les murs, des peaux de percussion portent le cyanotype de chronophotographies d’une claque extraite d’un applaudissement. Faire une chronophotographie de l’applaudissement c’est arrêter le temps, rendre visible l’invisible mouvement. L’arrêter, le mesurer, considérer cet événement.

La dimension rituelle de l’acte répétitif de frapper des mains, faire du bruit, est ici une photographie primitive des mains qui n’est pas sans rappeler les peintures pariétales.


Une bande son créée avec la participation de 50 enfants de CM2 de l’école du chemin vert de Changé, est jouée en boucle. Ils jouent de l’applaudissement sans qu’il soit adréssé et nous renvoie à un vide, à un non spectacle. Si le début est orchestré c’est la seule direction que je leur ai donné, ils ont choisi, ou plutôt senti, la durée et la fin de la performance enregistrée sans concertation préalable.

Face aux peaux de percussion, devant le geste cyanotypé de l’applaudissement, un pendule d’une échelle surdimensionnée réalisé en cuir est suspendu convoquant la verticalité, l’axe, et la mesure du mouvement. C’est suite à la rencontre avec Jean-Jacques Marchand, maroquinier, qu’il m’est apparu évident de réaliser une enveloppe en cuir, grâce à son savoir-faire. Le cuir est un matériau d’une résistance extrêmement forte, d’une grande longévité. Malléable et organique, le cuir apprivoise la forme d’un pendule, «fil à plomb» lui conférant une étrangeté, une animalité. Il semble figé, son immobilité nous renvoie à l’impossibilité de percevoir le sol bouger sous nos pieds. L’inaliénable règle physique de la gravité représentée par le pendule est aussi un repère dans cet espace d’exposition. Sa présence symbolique fait figure de contre point à l’installation chronophotographique.

Merci à Melchior Delaunay, Stéphane Nicloux, Marc Herblin, les enfants et enseignants de CM2 de l'école du chemin vert, Changé 

Cette installation fut réalisée avec l’accompagnement de équipe du Projet Bloom dans le cadre de la résidence du Cerisier.


Déport de poids : durée 8'47''